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Sur la trace du Chihuahua par Christiane ROUFOSSE
La petite taille du Chihuahua et sa vive intelligence le rende chaque jour plus populaire
Chihuahua à poils longs. Cette variété est probablement issue d’un croisement avec le chien papillon
Le Chihuahua
Tout le monde connait le Chihuahua. Les journaux et les magazines l’ont si souvent représenté soit assis dans une coupe de champagne, soit à côté d’un dogue allemand (David et Goliath) que chacun sait maintenant qu’il est le plus minuscule canidé du monde.
D’après certains spécialistes, il descendrait des chiens sacrés aztèques. Les Aztèques l’auraient hérité des Toltèques qui eux-mêmes l’auraient tenu des Mayas.
Une légende terrifiante raconte qu’il servait à deux fins. Ou bien il était traité en véritable petit empereur, il recevait tout ce que son petit cœur de chien pouvait désirer et il était servi au doigt et à l’œil. Cela a l’air super, hélas comme il était censé guider les âmes des morts, quand leur maître mourait, on le sacrifiait rituellement aux funérailles. Ou bien des gourmets s’en délectaient après l’avoir fait castrer et engraissé.
Selon les mêmes experts, à la ruine de l’empire Aztèque, quelques grands seigneurs se seraient enfuis au Mexique en emmenant leur petit compagnon.
Peu à peu, les chiens seraient redevenus sauvages ou à demi-sauvage jusqu’au environ de 1840 ou on les aurait remarqués, capturés et sociabilisés formant le point de départ de la race actuelle.
Rosina Casselli
Un beau jour, une artiste de music-hall, Rosina Casselli, présentant un spectacle avec une dizaine de ses petits chiens assura qu’ils venaient en droite ligne des monts Chihuahua. Elle ajouta que leurs ancêtres vivaient toujours à l’état sauvage sur le mont Chihuahua et nulle part ailleurs et qu’elle ne connaissait que les indiens qui fussent capables de domestiquer ces petits chiens minuscules et très féroces. De telles déclarations plus beaucoup aux journalistes, la presse toute entière en fit un large écho…. Et la renommée de l’artiste et de sa troupe alla en grandissant.
Major Munday
Puis un certain Major Munday, se présentant comme éleveur à Mexico, se fit connaître en affirmant que ses petits chiens étaient des chihuahuas, avec comme particularités qu’ils étaient végétariens et étaient issus des chiens sauvages Aztèque. Il précisa qu’il avait observé chez les indiens une autre variété de ces chiens qui vivait toujours à l’état sauvage, mais avec de plus petites tailles et extrêmement carnivores.
Le tout jeune club canin mexicain ne prit pas ces déclarations au sérieux.
Université de Puebla
En 1950, le club canin mexicain tenta de retracer l’historique de la race et, sous le patronage du professeur Baltran, directeur de la section précolombienne de l’Université de Puebla, entreprit un long et sérieux travail d’investigation avec un appel au public.
Les réponses affluèrent. Beaucoup d’entre elles mentionnaient des poteries, des vases, des fresques sur lesquelles avaient été représentés des chihuahuas pour preuves des chihuahuas étaient décrits et illustrés par les conquistadors et les premiers chroniqueurs espagnols.
Hélas, aucune de ces pertinentes informations n’étaient suffisamment étayées pour être retenues. Le professeur Baltran ayant peu de peine à démontrer que les dessins en question ne représentaient pas des chiens mais des ratons laveurs.
L’avis du Professeur Isaac Ochoterena
Aucun argument pictural archéologique ou linguistique sérieux ne vient étayer la théorie Aztèque.
Les indiens d’Amérique avaient sans aucun doute des chiens, mais c’était des chiens d’utilité : gardiens de troupeaux, chasses etc…
Sans aucun doute également quelques compagnons à quatre pattes escortèrent les Aztèques qui gagnèrent la vallée du Mexique, mais si l’on en croit certaines poteries et figurines datant des environs du sixième siècles, ils ne ressemblaient pas à l’actuel chihuahua.
Enfin, les Aztèques parlaient le Nahuatl, langue encore vivante au Mexique. Or Tachini, nom par lequel ils auraient désigné leurs fameux toutous sacrés est encore et toujours celui qui désigne les chiens d’utilité tandis que Chihuahua est réservé aux rongeurs qui fourmillent dans la contrée.
Comme on le voit, les énigmes s’ajoutent aux énigmes. La moindre n’est pas la déclaration catégorique faite par le Professeur Isaac Ochoterena l’un des plus éminent paléontologiste d’Amérique latine. D’après cet érudit, aucun chien fossile n’a jamais été découvert au Mexique, ni dans les tombeaux d’ailleurs.
Un Chihuahua n'est pas un jouet, ne pas offrir comme peluche à un enfant
En 2017, deux hypothèses sont proposées par les spécialistes.
Selon la première, le chihuahua vient de Chine. On sait en effet que pendant des siècles, les chinois s’ingénièrent à obtenir des animaux toujours plus petits. On sait aussi que jadis une importante route commerciale reliait la Chine à la péninsule ibérique. Cette route passant par les Philippines atteignait Acapulco sur la côte occidentale du Mexique, puis Vera Cruz et finalement l’Espagne. Il existe au moins une preuve qui étayait cette hypothèse. Le fait qu’un couple de très petits chiens venant d’Orient fut exhibé comme curiosité à Mexico en 1785.
La seconde hypothèse est fondée sur la ressemblance entre la race Chihuahua à poils longs et la race papillon. Le papillon ressemble à s’y méprendre au Chihuahua poils longs et dans morphologie le chihuahua à poils courts est presque un frère du papillon.
Il est vraisemblable que des petits chiens papillon aient été amenés d’Europe au Mexique pour le divertissement des grands d’Espagne du Nouveau Monde et de leurs épouses qui ne se refusaient rien.
Ces chiens croisés par la suite avec des petits chiens nains chinois auraient donné naissance à l’espèce actuelle.
Quant au nom même du petit chien, il faut l’entendre dans un sens très large. Au Mexique, le chihuahua proche de la frontière américaine, on vend depuis de nombreuses années des chiens de petites tailles qui pour être nés au Mexique ne sont pas forcément nés dans la région même.
Mais quelle que soit l’incertitude de son origine, le chihuahua devient de jour en jour plus populaire.
Son petit corps râblé, sa tête en forme de pomme, son poids restreint (1 à 3 kilos), sa vive intelligence, sa fidélité lui gagnent tous les cœurs.
Et la légende n’assure-t-elle pas nul n’est allergique aux chihuahuas.
A l’origine les pattes des chihuahuas étaient plus hautes et le museau plus long. Grace aux croisements réalisées par les éleveurs on a maintenant ces courtes extrémités, ces museaux courts et ces têtes rondes qui sont actuellement à la mode.
Revers de la médaille en raccourcissant ses pattes, ils l’ont rendu sensible à la luxation patellaire. C’est une affection qui fait que la rotule se déplace. C’est pénible et très douloureux. Dans les cas sérieux, la rotule ne peut être remise en place et il faut opérer. Un autre problème qui peut affecter le chihuahua est la reverse sneezing, c’est-à-dire éternuer à l’envers.
Cela est très désagréable, le chien atteint de reverse sneezing semble suffoquer. Cela a tendance à se produire quand le chien est excité. Heureusement, cela est généralement sans conséquence.